Deyrieux, André (Dir.), À la rencontre des cépages modestes & oubliés. L’autre goût des vins, Éditions Dunod, 228 pages.

Au-delà des vins d’appellation, des grands domaines, des terroirs célèbres ou des cépages glorieux, qu’ils soient classés grands crus, 1er crus ou village, il existe les cépages disparus, les oubliés, mais aussi les délaissés, les perdus ou les injustement méprisés. Ne sont-ils pas devenus aujourd’hui les plus intéressants à découvrir pour les amateurs d’aventures goûteuses ? Leurs arômes ne peuvent-ils pas bousculer les habitudes ? Car voilà le dégustateur curieux confronté sans repères, à une autre histoire du vin. Le livre que dirige André Deyrieux, expert et consultant en œnologie, veut faire découvrir ces trésors cachés à son lecteur et à l’amateur d’aventure œnologique.

Il n’y a pas que de la découverte ou de la nostalgie dans ce beau livre illustré. Ses auteurs sonnent aussi la mobilisation contre un appauvrissement de la biodiversité des cépages en France. Qui sait ce que demain réserve à nos palais ? Le patrimoine français frise aujourd’hui les 550 cépages, toutes variétés confondues, mais seule une bonne centaine des « nobles » sont valorisés. Quelques cavistes distingués militent pour ces vins modestes qui ne formatent pas les goûts et les couleurs pour les amateurs. Il existe aussi quelques restaurateurs qui tentent l’aventure et apportent leur touche à cette vocation. C’est de ces explorateurs courageux que parle ce livre : il raconte l’histoire des cépages disparus et celle de leur renaissance actuelle.

À celles et ceux qui voudront connaitre l’Altesse, à Arbin (73800), les cuvées Félicie et Senescal à Saint Jean de Fos (34150), l’Arbane et le petit Meslier aux Riceys, (10340), l’Aubun de Vaison-la-Romaine (84110), le Carmenère à Bayas (33230), le César de l’Yonne, le Mollard du domaine Allemand (05190), le Genouillet du Berry, le Romorantin que cultive Michel Gendrier au domaine des Huards (41700), cher( e)s ami( e)s, vite à vos papilles ! Le livre d’André Deyrieux vous révèle l’histoire du cépage, le terroir qui lui convient, la couleur et la saveur de ses baies, la qualité de sa vinification.

Nos coteaux d’Alsace ne sont pas en reste. Le savagnin rosé, Klevener de Heiligenstein, y prend place. Le Sylvaner, ce cousin  d’Autriche, est présenté au domaine Barmes Buecher (68320). Quelques pages sont consacrées par Jean-Michel Deiss à la complantation. Celle-ci enrichit la palette des monocépages et parachève la mise en valeur de notre région. Les lecteurs de la revue sauront compléter la liste.

En un mot, un livre curieux et pour curieux, plaisant et de plaisir, original et précieux.

 

André Rauch